Il y a quelque temps, lors d’une discussion estivale avec quelques passionnés de pivoines, on tentait de différencier certains cultivars qui se ressemblaient. Par exemple, comment distinguer ‘Cora Louise’ et ‘Rosy Prospects’? En échangeant nos propos personnels, on a vite constaté que nous avions peu de traits significatifs pour les différencier clairement. Du moins, il faut être des observateurs attentionnés et aguerris pour pouvoir établir des distinctions morphologiques.
Cette discussion nous a amenés à réfléchir sur l’origine des pivoines Itoh et sur la performance des hybrideurs de ces pivoines.
‘Cora Louise’
‘Rosy Prospects’
La filiation très réduite des parents des cultivars d’Anderson
Il faut penser que le premier matériel génétique du développement des nouveaux hybrides Itoh recueilli par Smirnof auprès de la veuve de Toichi Itoh se résumait à quatre plantes. C’est à partir de ces quatre spécimens qu’Anderson a obtenu ses premiers rejetons intéressants, donc avec un matériel de base très limité étant donné le peu d’historique de ce groupe de plantes relativement récent.
Une sélection mercantile?
Anderson, devant le succès de ses premiers résultats, a certainement voulu profiter de son élan et a été moins pointilleux au niveau de ses sélections, voulant probablement élargir son offre commerciale. Nous n’avons qu’à penser aux cultivars ‘Julia Rose’, ‘Kopper Kettle’ et ‘Hillary’.
Lorsque j’identifie des photos de ces trois plantes, si je n’ai pas mon calepin de notes avec la mention de l’étiquette de la plante photographiée, je ne suis pas capable de les
distinguer. Comme mes photos sont classées par ordre alphabétique de plantes (genre et espèce), je consulte de temps à autres le monde des pivoines Itoh et je peux vous affirmer que je pourrais regrouper des photos de certains cultivars différents d’Anderson sous un même nom.
La palette limitée de couleurs des floraisons de Donald Smith
Au début, les colorations obtenues par Donald Smith m’attiraient beaucoup. Cependant, quand je me suis mis à faire le point sur sa production globale, je me suis vite aperçu que les floraisons de monsieur Smith se ressemblaient aussi beaucoup.
‘Magical Mystery Tour’,
hybride Itoh 2002 de Don Smith
Conclusion
Le phénomène de consanguinité s’amenuisera avec les années, car les nouveaux hybrideurs, outre les Roger Anderson, Don Hollingsworth et Donald Smith, travaillent avec un matériel génétique plus élargi et certains osent des croisements moins conventionnels, comme avec des fleurs doubles ou les rétrocroisements. L’utilisation du pollen des hybrides de la pivoine arbustive jaune (Paeonia delavayi f. lutea) largement utilisé pour l’hybridation jusqu’ici nous a donné plusieurs sélections à fleurs jaunes. Enfin, certains obtenteurs sortent des sentiers battus.
Le marché de la pivoine connaît un regain de popularité depuis une quinzaine d’années, et ceci s’est accentué avec la popularité grandissante des pivoines Itoh. Ces dernières sont plus fréquemment distribuées sur le marché local, tout en suscitant beaucoup d’intérêt pour leur durée de floraison, pour leurs couleurs inusitées, leur belle tenue après la pluie et leur feuillage décoratif.